En France, « la fracture sociale ne cesse de s’accroître ». C’est le constat de l’Observatoire des inégalités, qui ambitionne depuis plus de vingt ans de documenter leur évolution en France.
Son rapport de 2025, publié début juin, offre une nouvelle synthèse foisonnante de données enfouies dans les études de l’Insee, les publications des ministères ou encore du commissariat général au développement durable. Les constats ne sont pas inédits, mais le rapport a le mérite de les rassembler en un document panoramique, traitant à la fois « des revenus », de « l’éducation », du « travail », « des modes de vie et de consommation », « des disparités territoriales » et, pour la première fois, « des inégalités environnementales, malgré des chiffres encore lacunaires sur ces sujets », regrettent les auteurs.
Inégal accès aux études supérieures
Des réalités sont connues de longue date : ainsi de « l’augmentation des inégalités de niveau de vie » faisant de la France l’un des pays riches les plus inégalitaires avant impôts et redistribution. « Les 10 % les plus riches perçoivent 3 653 euros mensuels minimum », soit « au moins 3,4 fois plus que les 10 % les plus pauvres, qui touchent moins de 1 080 euros (pour une personne seule, avant impôts et prestations sociales) ».
Tout en haut de l’échelle, « les 1 % les mieux lotis gagnent plus de 7 500 euros par mois et les 0,001 % frôlent les 20 000 euros ». Des inégalités liées aux origines sociales, aux disparités de patrimoine et aux écarts de salaire – « les cadres supérieurs touchent en moyenne chaque mois 2 600 euros de plus que les employés », et l’écart se creuse avec l’âge (« jusqu’à 3 941 euros d’écart passé 60 ans »).
Autre réalité bien identifiée, l’inégal accès aux études supérieures : « 73 % des enfants nés dans des familles de cadres ou de professions intermédiaires ont accès à l’enseignement postbac, seulement 41 % des enfants d’ouvriers ou d’employés ». Le nombre de jeunes diplômés d’un niveau licence ou plus est tout de même en hausse et si « 7,6 % des 18-24 ans » continuaient de quitter le système scolaire avec un « niveau collège » en 2022, ce chiffre est en nette baisse (« 11,8 % en 2012 »). Les passionnés de Bourdieu apprécieront !
Les catégories populaires plus exposées
Les données sur le monde du travail sont, elles, moins présentes dans le débat public, éclipsées par les chiffres du chômage. « On constate une fracture sociale majeure dans les conditions de travail », insiste Anne Brunner, directrice des études à l’Observatoire des inégalités.
« Les catégories populaires, composées d’ouvriers, d’employés, de personnes peu diplômées et souvent peu qualifiées, subissent les exigences de flexibilité d’une société prospère, confortable pour une large classe favorisée », résume le rapport. Car le travail devient de plus en plus pénible. Mais pas pour tout le monde.
Selon les données du ministère du travail, de 1984 à 2019, « la part des salariés exposés aux conditions les plus difficiles physiquement a doublé ». Il y a quarante ans, « 21,5 % » d’entre eux déclaraient porter des charges lourdes, ils sont « 40,5 % en 2019 ». Sur la même période, davantage de salariés déclarent devoir rester longtemps dans une posture pénible (« de 16,2 % à 35,8 % ») ou être soumis à des vibrations (« de 7,6 % à 17,3 % »).
« L’utilisation des nouvelles technologies, la mécanisation des tâches les plus intenses et le développement d’une économie centrée sur les services n’aboutissent pas à une société dans laquelle le travail serait plus facile », constate le rapport.
Les écarts s’aggravent
« Ces moyennes masquent des écarts conséquents » : si « 65,9 % des ouvriers non qualifiés » sont contraints de porter des charges lourdes et « 69 % » déclarent subir au moins trois contraintes physiques (rester longtemps debout, dans une posture pénible, subir des vibrations…), ce n’est le cas respectivement que pour « 11,2 % » et « 7 % des cadres ».
Et « les écarts s’aggravent »….
Entre 2005 et 2019, « moins de cadres et de professions intermédiaires ont été contraints de travailler longtemps debout », alors que la situation ne s’est pas améliorée pour les employés et les ouvriers. Pareil pour le « travail du dimanche » : le nombre de salariés se disant concernés est stable (« 12 % en 2005 », « 13 % en 2019 »), mais la proportion de cadres a baissé (« de 6 % à 4,9 % ») alors qu’elle augmente chez les employés (« de 17,9 % à 21,6 % ») et chez les ouvriers (« de 8,3 % à 10,9 % »). Ce taux atteint même « 29 % » chez les employés de la fonction publique chargés d’assurer le maintien de certains services le week-end.
Enfin, « 14 % des ouvriers non qualifiés » disent travailler en équipe postée, du matin ou de l’après-midi (souvent de 5 heures à 13 heures pour l’une et de 13 heures à 21 heures pour l’autre) avec un changement chaque semaine, mais « presque aucun cadre ».
C’est par ailleurs « d’abord au travail qu’on est exposé le plus et le plus longtemps à la pollution, à des fumées, à des poussières », insiste Anne Brunner. Avec une même tendance : moins de cadres concernés au fil des ans, autant ou plus d’ouvriers et employés. De quoi « mieux comprendre les réticences des personnes les plus usées à voir s’éloigner l’horizon d’une retraite attendue », soulignent les auteurs.
« On peut continuer à ignorer les alertes. Dans ce cas, il ne faut pas se plaindre des conséquences politiques de cette surdité », met en garde, en conclusion de son rapport, le directeur de l’Observatoire des inégalités, Louis Maurin.
Une expertise d’accompagnement face aux défis de l’égalité au travail
Le constat alarmant établi par l’Observatoire des inégalités sur l’aggravation des fractures sociales dans les conditions de travail révèle une problématique majeure de notre époque : l’écart grandissant entre les catégories socioprofessionnelles dans l’exposition aux pénibilités physiques et aux contraintes temporelles. Cette réalité interpelle directement les organisations publiques et privées sur leur responsabilité sociétale.
Dans ce contexte, l’approche du Cabinet prend une dimension particulièrement stratégique. Spécialisé dans l’accompagnement des transformations organisationnelles et le conseil en management, le cabinet se positionne comme un acteur capable d’adresser ces enjeux d’inégalités par une méthodologie centrée sur « les femmes et les hommes qui composent l’entreprise ». Sa démarche d’écoute des personnels, de collecte de données et d’analyse des problématiques organisationnelles s’avère particulièrement adaptée pour diagnostiquer et réduire ces disparités de conditions de travail.
L’expertise du Cabinet dans l’accompagnement des opérateurs publics, des collectivités et des entreprises de l’économie sociale et solidaire constitue un atout majeur pour développer des politiques RH plus équitables et des organisations du travail moins discriminantes. Son approche systémique, alliant performance organisationnelle et bien-être des équipes, offre précisément les outils méthodologiques nécessaires pour transformer les défis soulevés par l’Observatoire des inégalités en opportunités d’amélioration durable des conditions de travail.
Laurent DUMONTEIL – Vingt-huit années à arpenter les politiques publiques et l’accompagnement organisationnel m’ont enseigné une évidence : les transformations qui réduisent les inégalités naissent de l’analyse rigoureuse du terrain. Des diagnostics de conditions de travail aux projets d’amélioration de la QVT